Figure historique de la Fnac, Victor Jachimowicz y a passé quarante-six ans, ce qui en fait, dit-il, «l'employé ayant passé le plus de temps dans l'entreprise». Tour à tour vendeur, directeur des achats, responsable des études marketing et surtout créateur et patron du laboratoire d'essais techniques, ce passionné de technologies livre son diagnostic, critique, sur l'évolution de l'enseigne.
Comment la Fnac en est-elle arrivée à la situation actuelle ?
La dégradation est ancienne et je ne parle pas que de chiffres. Il y a eu beaucoup d’erreurs de management et de positionnement. Elle a commencé lorsque, dans les années 2000, on a abandonné l’idée très structurante d’une Fnac de spécialistes au service d’une clientèle moyenne et haute gamme, pour aller concurrencer les hypers sur des produits bon marché. D’où sa banalisation.
Avec quelles conséquences ?
Les vendeurs se sont retrouvés dans une situation de grand écart impossible. On leur demandait de continuer leur métier de spécialiste mais en écoulant des produits d’entrée de gamme. L’image de la Fnac en a forcément souffert, son personnel encore plus, et le distributeur a perdu de son attrait par rapport au public. Aller à la Fnac ne signifie plus rien de particulier, ce n’était pas le cas avant.
Vous parlez d’erreurs de management…
Les écoles de commerce inculquent aux futurs cadres dirigeants l’idée que les gens doivent changer régulièrement de poste, faute de quoi ils s’encrassent. C’est ce qu’on a fait à la Fnac en vantant la polyvalence, l’adaptabilité, etc. Sauf que cela ne fonctionne pas lorsque vous vous revendiquez spécialiste. En ef