«Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c'est fini», déclarait Nicolas Sarkozy en septembre 2009. La tirade fait rire Eric Bocquet, le rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale sur «l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales». «Les auditions que nous avons menées montrent que le système s'est adapté et que, malgré leur absence officielle des listes de "territoires non coopératifs", des pays comme la Suisse, le Luxembourg ou Monaco pratiquent l'évasion fiscale à haute dose», déclare le sénateur communiste.
Active depuis début mars, la commission a entendu Valérie Pécresse, la ministre du Budget, des représentants des ONG, et plusieurs journalistes ayant enquêté sur les paradis fiscaux. Notamment Antoine Peillon, auteur d'un ouvrage dénonçant les pratiques d'UBS (1), et la mansuétude de la justice française vis-à-vis des pratiques de la banque suisse. Ou Christian Chavagneux, auteur à Alternatives économiques d'une étude montrant que BNP Paribas détient 189 implantations dans les paradis fiscaux.
C'est dans ce contexte que Baudoin Prot, président de BNP Paribas, a été convié à s'expliquer, le 17 avril. Et a montré toute l'étendue de son malaise. «Je l'ai trouvé très tendu, ajoute Eric Bocquet. On lui avait envoyé les questions en amont, et il n'a pas quitté le papier qu'il avait préparé.» Et quand les questions n'étaient pas préparées, Prot est resté silencieux, arguant du «secret banc