Professeur d’économie à Sciences-Po et à l’université de Rome, Jean-Paul Fitoussi estime que l’Europe n’a d’autres choix que d’adopter une stratégie de relance.
La volonté de François Hollande de vouloir relancer la croissance au niveau européen vous semble-t-elle crédible ?
Son élection donne une chance à l’Europe. Il était temps de jouer cartes sur table. Qu’il s’agisse du recours aux fonds structurels, à la Banque européenne d’investissement ou des emprunts européens, ce sont des moyens de relancer la croissance qui sont frappés au coin du bon sens. La rigueur est une impasse.
Mais que faire concrètement ?
Si François Hollande parvient à fédérer autour de l'idée des euro-obligations destinées à financer des projets d'investissement, alors c'est toute la capacité de production de certaines filières européennes qui s'en trouverait renforcée. Avec des effets positifs sur l'emploi. Il s'agit de mettre en musique les éléments contenus dans la stratégie de Lisbonne de 2000, qui envisageait un développement de l'économie du savoir. A l'époque, nous parlions aussi du fameux «20-20-20», soit 20% d'énergie renouvelable et une diminution de 20% des émissions de CO2 à l'horizon 2020. Si l'Europe se décide à créer des flux d'activité dans divers domaines grâce à une mutualisation des investissements, elle peut espérer deux effets : le premier est immédiat, c'est la hausse de l'activité ; le second progressif, il s'agit de faire en sorte que ces industries deviennent un jour compétitives dans leur secteur en proposant des produits du futur. Concevoir une relance nous oblige à envisager des investissements plus