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Libération
Interview

«La convergence au sein de la zone euro est décisive»

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Daniela Schwarzer, de la fondation Wissenschaft und Politik à Berlin, met l’accent sur la compétitivité :
publié le 9 mai 2012 à 22h26

Daniela Schwarzer est chef de recherches sur l’intégration européenne à la fondation Wissenschaft und Politik.

Angela Merkel défend l’idée d’une croissance par les réformes plutôt que par les investissements. Quel est l’intérêt de cette stratégie ?

En Allemagne, on a peur d’une politique de croissance par les investissements, qui pourraient accroître le volume de la dette. Cette position allemande s’explique par l’évolution qu’a connue la République fédérale au cours des dernières années : le pays a subi des réformes structurelles très dures, avec l’Agenda 2010, une dévaluation compétitive de l’économie allemande, qui a permis à l’économie de se redresser. En Allemagne, on pense que dans un contexte de fort endettement en Europe, les autres pays doivent eux aussi faire des efforts pour restaurer leur compétitivité.

Quelles sont les réformes structurelles auxquelles pense Angela Merkel lorsqu’elle parle des pays du Sud ?

Les situations sont bien sûr très différentes. Il n’y a pas de comparaison possible entre la Grèce et la France. Mais globalement, la chancelière attend des voisins de l’Allemagne une véritable réforme du marché du travail : davantage de flexibilité, une diminution des coûts, voire des salaires…

Pour l’instant, les cures de rigueur se traduisent plutôt par une récession, qui nuit aux exportations de l’Allemagne dans la zone euro…

C’est vrai. Mais ce qui est aussi intéressant pour l’industrie allemande, c’est sa compétitivité non pas par rapport à la zone euro, mais au reste du monde. Le principal concurrent de l’Allemagne, c’est la Chine et les pays émergents, où les coûts de production sont inférieurs aux nôtres. S’il n’y a pas de convergence au sein de la zone euro vers plus de compétitivité, cela ne pèsera pas que sur la compétitivité de l’Allemagne par rapport à la Chine, mais sur l’ensemble de la zone euro…

Cette semaine, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s’est pourtant dit en faveur d’augmentations de salaires importantes en Allemagne. Comment expliquer ce revirement ?

Berlin a peur d’une réces