«La page est tournée. Pour Renault, cette affaire appartient au passé.» Lors de son audition, fin 2011, devant le juge d'instruction Hervé Robert, le PDG Carlos Ghosn s'est un peu avancé. Car la fausse affaire d'espionnage (trois cadres injustement accusés) se double aujourd'hui d'un vrai dossier d'espionnite interne (alimentée par la paranoïa des dirigeants), et d'une affaire de fausses factures (pour rémunérer quelques barbouzes).
Patrick Pélata est en première ligne. Ancien numéro 2, il a officiellement démissionné, faisant office de fusible, mais demeure au sein de l'état-major avec le titre de conseiller de Carlos Ghosn. Entendu en octobre par la police, Pélata s'est ingénié à impliquer le PDG, sans toutefois l'accabler. A propos de la lettre anonyme reçue en août 2010, qui déclenchera tout le barnum : «Carlos Ghosn a été averti au même moment que moi.» Quant à l'enquête confiée à la Direction de la protection du groupe (DPG, la police interne, composée d'anciens flics ou militaires) : «Je ne sais plus qui de moi ou de Carlos Ghosn a décidé de la saisir.» Surtout, à propos des réticences à alerter les pouvoirs publics : «J'étais personnellement pour que la DCRI soit avisée, car j'estimais que nous n'étions pas capables de conduire l'enquête en interne.» Un avis partagé par Ghosn: «Nous aurions dû avertir la DCRI, ce qui nous aurait évité toute cette affaire.»
Corbeau. Devant la police, Patrick Pélata dénonce le