«Voir débarquer les gendarmes et les huissiers, dans notre campagne, on n'était pas habitués à ça. On s'est crus dans un film.» Ce salarié de la menuiserie Sogal, sise dans la paisible bourgade de La Jumellière (Maine-et-Loire), reste interloqué par le conflit qui oppose l'actionnaire et les dirigeants de cette PME de 550 employés. Un incroyable feuilleton, avec coups tordus et vraie-fausse grève de soutien au patron, qui s'est terminé jeudi soir par la révocation des dirigeants.
Spécialiste des dressings et placards sur mesure, Sogal est contrôlée depuis deux ans par le fonds Qualium, filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras financier de l’Etat. Face à eux, un ancien financier devenu patron de Sogal, Pascal Legros. Et son directeur général, Thierry Legeay, dans la maison depuis vingt-trois ans.
L'histoire commence le 24 avril. Pascal Legros est convoqué le 3 mai par Qualium pour être révoqué. Le fonds lui reproche un nouveau dépassement de 2 millions d'euros dans les travaux du nouveau siège de La Jumellière. Mais aussi des «fautes de gestion» : manque de transparence et inexactitudes dans les comptes 2011, qui ont dû être révisés suite à un audit financier qui égratigne la direction. «Au total, il manque 4,2 millions d'euros. Dans une société qui a fait 2,9 millions de bénéfices en 2010, ce n'est pas acceptable», indique le président de Qualium, Jean Eichenlaub.
Pascal Legros est furieux. Il conteste les chiffres de Qualium, i