La vedette est entrée hier en toute discrétion pour éviter journalistes et victimes du Mediator, accusé d'avoir fait plus de 500 morts. Mais Jacques Servier, 90 ans, était bien là, dans la salle bondée du tribunal de Nanterre, à l'ouverture du procès en citation directe du laboratoire et de cinq de ses dirigeants pour «tromperie aggravée». Michel Due, le cœur «esquinté, merci Servier», voulait absolument «le voir en face pour voir sa réaction». Le vieil homme, Légion d'honneur à la boutonnière, a donné sa date de naissance d'un mince filet de voix. Puis a écouté les débats, imperturbable.
Le spectacle, c'est Hervé Témime, leader de l'équipe d'avocats du labo, qui l'a assuré. Il a défendu de multiples recours de procédure pour obtenir l'annulation du procès. Il a dénoncé «la lapidation médiatique sans précédent» subie par Servier. Et taclé le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, accusé d'avoir désigné le labo «comme seul responsable, peut-être pour mieux s'exonérer de ses responsabilités». L'essentiel du débat portait sur l'existence parallèle du procès de Nanterre et de l'information judiciaire menée pour les mêmes faits par des juges parisiens. Ce qui crée, selon Me Témime, une atteinte «inacceptable» aux «droits de la défense». C'est la motivation d'une des deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) déposées par le labo. «Si ce n'est pas gagner du temps pour ne pas s'expliquer sur le fond, j