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Libération

«Bienvenue chez Popole», du guichet à la scène

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publié le 20 mai 2012 à 21h56

Kader Nemer, 33 ans, est conseiller à Pôle Emploi depuis quatre ans à l'agence Stendhal, dans le XXe arrondissement de Paris. Pour lui, ses collègues sont des «résistants». En 2009, au moment du regroupement Assedic-ANPE, ils renâclent. «On nous demandait de faire plus avec la même paie, raconte Kader. On était en sous-effectif, en grosses difficultés, en souffrance dans notre agence.» Alors il a pris son carnet, ouvert grand les yeux et les oreilles. Tout noté. Collègues de Pôle Emploi, usagers, ambiances… Résultat : le quotidien au travail des gens confrontés à ceux qui en cherchent (1) dans une pièce baptisée Bienvenue chez Popole.

On y voit cette demandeuse d'emploi dénoncer son mari qui «touche encore les allocs alors qu'il n'est plus en France». On y assiste à la prise d'otage d'une conseillère par un intermittent du spectacle, parce qu'il n'a pas obtenu ses heures (le 18 octobre 2011, elle a vraiment lieu dans le XIe arrondissement de Paris). La «victime» ne se démonte pas : elle dit au preneur d'otage à bout : «Prenez ma place !» On y découvre des chômeurs snobs qui se demandent ce qu'ils fabriquent ici. On s'y amuse de cette «demandeuse d'emploi professionnelle» qui vient «passer le temps» avec son conseiller. Le personnel de Pôle Emploi n'est pas non plus épargné : il y a le conseiller-râleur qui n'en peut plus d'accueillir du public, qui boit en cachette et se bourre de ca