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portrait

Citius, altius, Crésus

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Plus jeune patron du CAC 40, ce promoteur bâtisseur de tours reproche à la France de s’endormir dans la lenteur.
Guillaume Poitrinal. (Photo Frédéric Stucin pour Libération)
publié le 21 mai 2012 à 22h56

Pourquoi s’intéresser à un promoteur immobilier ? Le journaliste a parfois des raisons inavouables de jeter son dévolu sur tel ou tel. Citoyen progressiste, le rédacteur n’en est pas moins riverain craintif. Déjà furieux d’être externalisé au-delà du périphérique par l’appétit de Delanoë pour les droits de mutation, il tient à son confort de relégué en petite ceinture. Et voit avec fureur se profiler l’ombre de la tour Triangle, vaisseau de béton à la voilure délaminée, haute de 180 m, dessinée par les suisses Herzog et De Meuron et financée par Unibail, que dirige… Guillaume Poitrinal.

La chose ne fait que s'envenimer quand l'on apprend que le surpeupleur de métros roule en C6 avec chauffeur. Et qu'avec sa femme, qui commercialise des maisons en bois, il élève ses trois fils adolescents dans le cossu, replet et endormi VIIe arrondissement. Honnête, le bâtisseur avoue qu'il ne se verrait pas vivre dans une de ses citadelles perce nuages dont il rêve de peupler la skyline parisienne. Et de préciser : «Mais, ce sont des tours de bureau.» Et alors ? Il a beaucoup de tours de bureau qui poussent sous ses fenêtres, Poitrinal ?

Le bonhomme est vif, malin, prêt à tutoyer dès qu'on lui en laisse l'opportunité. Très ouvert d'apparence, il se débrouille pour ne pas trop baisser la garde, sans que jamais on ne puisse lui en faire grief. Il a 44 ans et c'est le benjamin des patrons du CAC 40. Parmi les dirigeants français, ce tombeur de veste doit aussi être l