Le corps est recouvert d’hématomes. Lee Jong-ran nous montre une photo de l’un des malades pour lesquels elle se bat. Elle est juriste à Séoul pour l’ONG Banollim, qui milite depuis cinq ans pour la santé et les droits des salariés de l’industrie des semi-conducteurs en Corée du Sud.
Le 7 mai, une jeune trentenaire qui avait travaillé dans une usine pendant six ans a succombé à une tumeur au cerveau. C'est la 32e victime de cancer chez Samsung, comptabilise Banollim. La plupart des familles tentent de faire reconnaître le caractère professionnel de ces maladies. Mais «face au géant national, elles ont du mal à se faire entendre», déplore Lee Jong-ran. Pour Jung Ai-jung, dont le mari est décédé à 30 ans d'une leucémie, une lettre du médecin traitant n'a pas suffi. «Les autorités ont reproché le manque de certitude du diagnostic et m'ont demandé d'apporter moi-même des preuves supplémentaires. C'est évidemment impossible, tellement Samsung est fermé au monde extérieur», raconte cette jeune veuve de 35 ans. Entre 1997 et 2004, son mari était ouvrier de maintenance dans l'usine de Giheung, qui a fait le succès de Samsung quand l'entreprise s'est lancée dans la production de semi-conducteurs, dans les années 70.
Aujourd'hui, le groupe pèse pour 20% du PIB sud-coréen. Pour la première fois l'an dernier, la justice a demandé à Samsung d'indemniser les familles de deux ouvriers décédés de leucémie. En février, un institut de recherche gouvernemental a publ