Sylvie Goulard (Modem) est chargée de rendre compte du «rapport d’initiative» sur les obligations européennes (eurobonds) que le Parlement européen devrait adopter en juillet.
Les eurobonds sont-ils la solution ultime pour en terminer avec la crise de la zone euro ?
Il n’y a pas de baguette magique qui permette d’effacer les problèmes structurels de la zone euro. Néanmoins, et c’est la raison pour laquelle le Parlement se bat depuis dix-huit mois pour que la question des obligations européennes soit inscrite à l’ordre du jour, nous ne bénéficions pas de tous les avantages que l’euro, monnaie globale, devrait nous donner, et en particulier celui d’un marché européen de la dette publique. Si la zone euro mutualisait l’ensemble de ses dettes nationales, la taille de son marché serait équivalente à celui des Etats-Unis, ce qui lui permettrait d’obtenir des taux d’intérêt bien plus avantageux que ceux actuellement exigés par les investisseurs.
Et cela empêcherait les marchés d’attaquer un Etat en particulier…
En effet. Par peur du fédéralisme, le traité de Maastricht de 1992 a décidé que les dettes publiques resteraient nationales et a exclu de créer une dette fédérale de la zone euro (comme aux Etats-Unis) qui aurait permis de diminuer d’autant les dettes nationales : c’est donc parce qu’on a fait le choix de laisser les Etats seuls face aux marchés que ceux-ci peuvent les jouer les uns contre les autres.
Il faut donc mettre fin à cette fragmentation des dettes nationales ?
Pour s’endetter en commun et donc prendre des risques ensemble, cela implique de se faire suffisamment confiance, un point sur lequel l’Allemagne insiste à raison. Le paradoxe actuel est qu’on a plus que jamais besoin de s’endetter en