Professeur d’économie à l’université Paris-I, Bernard Gazier est spécialiste des politiques de l’emploi et des méthodes de restructurations en Europe.
Que peut faire ce nouveau gouvernement de gauche face aux plans sociaux ?
Entre la posture de Lionel Jospin disant «l'Etat ne peut pas tout» et la gesticulation, il y a une voie moyenne. Il faut être proactif sans s'enfermer dans un volontarisme irréaliste. S'opposer aux licenciements serait contre-productif, décourageant l'adaptation de l'économie. Toute entreprise en difficulté n'est pas à sauver, mieux vaut laisser certaines fermer que de s'acharner dans des combats d'arrière-garde. Des tas de gens vont devoir changer de métier et d'entreprise.
Mais la gauche peut agir pour que, face à ce phénomène, on avance de façon concertée et sur deux jambes.
Lesquelles ?
D’abord la recherche de solutions industrielles. Celles-ci feraient un grand pas si les patrons et les syndicats pouvaient systématiquement se concerter et partager l’établissement du diagnostic sur les restructurations à mener. En France, règne une détestable tyrannie de l’annonce à court terme. On n’anticipe pas. Ou on reste souvent dans le non-dit : la boîte va mal, tout le monde le sait, mais personne n’en parle. La deuxième jambe sur laquelle s’appuyer, c’est la gestion des reconversions de carrières. Or l’un des défauts du marché du travail français, c’est de ne pas savoir anticiper sur les métiers et les secteurs d’avenir, bref ce qu’on appelle l’employabilité.
Il y a pourtant légion de dispositifs…
Oui, comme le contrat de transition professionnelle ou la convention de reclassem