Il est bien là, attablé dans l’une de ses brasseries, les Philosophes. En pleine discussion avec l’un de ses employés. A la main droite, son smartphone, à la main gauche, son enfant de 2 ans, Agmonn. Pour tous ceux qui ont eu affaire à lui, Xavier Denamur est un hyperactif. A peine la conversation engagée, un flot d’idées quasi ininterrompu vous submerge, depuis la question de l’obésité jusqu’aux profits de l’industrie agroalimentaire, en passant par Václav Havel et Milan Kundera. Une fois la vague passée, le fil d’Ariane apparaît. A rebours de la majorité de ses collègues limonadiers, l’entrepreneur se prononce en faveur d’une hausse de la TVA réduite (7%) dans la restauration, pour que l’Etat puisse investir à long terme dans le secteur plutôt que de donner des cadeaux sans contrepartie à quelques syndicats patronaux.
Anticiper l'avenir, c'est la devise phare du self-made-man. Il raconte avoir «économisé chaque jour pendant vingt ans» pour acheter son premier bistrot. A 16 ans, il quitte la Seine-et-Marne, sa mère au foyer, un milieu «réactionnaire et raciste» et un beau-père représentant en éponges qui l'accuse de trop manger et d'engloutir la pension paternelle, 232 francs. «Tout a commencé à table», explique-t-il simplement. Il prend son sac «Malboro rouge», fait du stop, attrape un RER et débarque aux Halles, au cœur de Paris. L'adolescent crèche dans une chambre de bonne et survit comme serveur, mais il continue les études grâce à un