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TRIBUNE

Paris-Berlin : cartes sur table

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par Jean-Marc FERRY, Titulaire de la Chaire de Philosophie de l’Europe à l’Université de Nantes
publié le 24 mai 2012 à 19h06

Les médias ont dramatisé la rencontre «historique» entre François Hollande et Angela Merkel. Le nouveau président français allait-il «faire plier» la chancelière allemande? Le porte-parole d'Angela Merkel a aussitôt mis les choses au point : «Il n'est pas possible de renégocier le pacte budgétaire. L'Allemagne ne veut pas d'une croissance par les déficits mais par des réformes structurelles.» C'est l'enjeu de la dure négociation qui s'annonce.

Les Allemands savent qu’un défaut de croissance à moyen terme ne ferait que détériorer les comptes en zone euro et creuser l’endettement des Etats. Mais, pour eux, il n’y a pas urgence, et ils se refusent à jouer le rôle d’Etat-providence pour le reste de la zone. Où la divergence entre la France et l’Allemagne réside-t-elle exactement ?

On braque les projecteurs sur la mutualisation de la dette et l’émission d’eurobonds. Mais, au-delà, il y a le problème de fond: la croissance. Angela Merkel ne peut croire sérieusement que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault envisage une relance keynésienne classique. Ce qu’il met en avant, ce sont plutôt des «actions structurelles» à l’échelle européenne, versant positif des politiques de l’offre. Elles visent à structurer l’appareil productif en vue de meilleures performances. Sur ce volet, Français et Allemands seraient presque sur la même longueur d’ondes. Mais le problème, pour la France, tient à ce que ces politiques ne porteront leurs fruits que d’ici quatre ou cinq ans.

Cinq an