En ces temps de crise, voilà qui semble relever du surréalisme économique : mercredi, l’Allemagne a emprunté gratuitement 4,5 milliards d’euros sur les marchés. Les investisseurs se sont rués sur des obligations à deux ans, rémunérées à 0%. Plus tard dans la journée, les taux allemands à dix ans ont atteint un minimum historique de 1,77%. Sur la même durée, la prime de risque française est à 3,5%, l’italienne à 5,7%, l’espagnole à 6,2%.
Cette bizarrerie n’est pas une première. En janvier, Berlin avait même émis des titres à court terme à des taux négatifs (-0,01%). Autrement dit, les investisseurs étaient prêts à payer pour détenir des obligations allemandes, en récupérant moins d’argent qu’ils n’en ont prêté. C’est aussi le cas, d’ailleurs, pour les titres à taux zéro, car l’inflation (2,1% en Allemagne en avril) fait baisser la valeur de l’argent sur la durée du prêt.
L'explication est simple, et inquiétante : le contexte économique est tellement incertain que les investisseurs s'arrachent les rares valeurs sûres à long terme, même si elles sont peu ou pas rentables. Et en premier lieu, les obligations allemandes. «On assiste à une fuite vers la qualité, commente Patrick Jacq, analyste obligataire chez BNP Paribas. La sécurité est l'unique facteur de décision des investisseurs.» Les obligations françaises à deux ans, encore considérées comme des actifs sûrs, sont elles aussi à leur plus bas historique, à moins de 50 centimes.
Réglementation
A cette aversion au risque s'ajo