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Libération

L’ex-patron de la Bundesbank, la Shoah et les eurobonds

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publié le 25 mai 2012 à 21h36

Il est une personne au moins à Berlin qui semble croire que les euro-obligations s'imposeront un jour à l'Allemagne : le banquier polémiste Thilo Sarrazin, 67 ans. Dans son dernier ouvrage, l'Europe n'a pas besoin de l'euro, paru mardi, il estime qu'on force l'Allemagne à accepter les euro-obligations pour prix de son passé nazi. «Les partisans allemands des obligations européennes sont animés par ce réflexe très allemand, selon lequel nous ne pourrions expier l'Holocauste et la Seconde Guerre mondiale qu'une fois transféré en des mains européennes l'ensemble de nos intérêts et de notre argent.»

Le livre serait sans doute passé inaperçu, rangé dans le tiroir des brûlots antisémites et anti-européens, si son auteur n'avait un pedigree aussi impressionnant. Ancien directeur de la Bundesbank, ancien ministre des Finances du Land de Berlin, Sarrazin est un auteur à succès et l'épouvantail des sociaux-démocrates qui cherche en vain depuis deux ans à le priver de sa carte du parti. Dans son dernier opus de 463 pages truffé de chiffres et de courbes, Sarrazin assure que «l'euro n'a pas obtenu un gain économique au cours de ses treize ans». «Ni en termes d'emploi, ni en termes de croissance ou d'exportations, l'euro ne nous a apportés quoi que ce soit. Et pour nos voisins, l'euro a même été dommageable.»

Chiffres à l'appui, Sarrazin estime que les pays restés en dehors de la zone euro auraient eu une croissance plus forte, connaîtraient mo