C’est un camouflet pour Bernard Thibault. Le leader de la CGT a officiellement proposé hier que Nadine Prigent, ex-infirmière de 54 ans, lui succède en 2013. Mais sa candidate a été retoquée dans la foulée par la commission exécutive (le gouvernement de la CGT), à 21 voix contre 20 et 4 abstentions. Le vote n’est que consultatif, mais relance les chances du second candidat, Eric Aubin, le «monsieur retraites» du syndicat.
L'épisode confirme que Thibault a très mal préparé sa succession, les passages de témoin étant d'ordinaire consensuels à la CGT. Le secrétaire général voulait absolument une femme, «un choix important symboliquement et politiquement dans un pays où la moitié de la main-d'œuvre est féminine». Le problème, c'est que Prigent ne fait pas l'unanimité. «Elle est autoritaire et caractérielle. Dans sa fédération de la santé, la moitié des dirigeants sont partis»,dit un de ses opposants. Prigent manque également d'expérience dans les négociations nationales. Et elle est issue du public, comme le gros des troupes cégétistes. Un handicap alors que de nombreux dirigeants veulent séduire davantage de salariés du privé.
Thibault a senti ces réticences. Du coup, il a retardé pendant plusieurs mois l'annonce de son soutien à Prigent, et engagé un intense lobbying interne pour tenter de l'imposer. «Je pense que ça a été contre-productif. Beaucoup de gens ont dit en face à Thibault que ça ne passerait pas. Mais il s'est entêté»,