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Interview

«Après Bankia, l’effet domino est à craindre»

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Dette. L’économiste Sara Baliña analyse les difficultés liées à la recapitalisation des banques espagnoles.
publié le 28 mai 2012 à 21h36

«Avec une prime de risque à 500 points, il est très difficile de se financer» : hier, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a exprimé son inquiétude quant à la capacité de son pays à faire face à la crise de confiance des marchés financiers. Même s'il a écarté l'hypothèse d'un «sauvetage extérieur» (via le Mécanisme européen de stabilité), le dirigeant conservateur n'a pas nié la suspicion croissante pesant sur le système bancaire espagnol, après le «sauvetage» avec de l'argent public de Bankia, quatrième banque du pays, à hauteur de 23,5 milliards d'euros, un record. Sara Baliña, économiste à Analistas financieros internacionales (AFI), analyse la situation.

Quel est le degré de gravité de la crise espagnole ?

Il est élevé, c'est indéniable. Le plus inquiétant, c'est cette série de rechutes depuis novembre 2011. Malgré les liquidités fournies par la Banque centrale européenne, cela n'a pas empêché la situation d'empirer. En février et en mai, le ministère des Finances a exigé des banques des provisionnements qui se sont révélés notoirement insuffisants. On a la sensation que le renflouement demeure toujours en deçà des besoins réels, et cela n'est pas de nature à rassurer. La dégradation de la conjoncture, avec le retour en récession cette année, n'arrange rien. Le gouvernement doit réduire un déficit très élevé [de 8,9% à 5,3%, d'ici fin à 2012, ndlr] ; cela a un impact sur la situation des PME et des familles, déjà très endettées, et se répercute sur le portefeuille des crédits bancaires