Le Conseil d’analyse économique (CAE) a été créé, il y a quinze ans, par Lionel Jospin, comme un forum d’une trentaine d’économistes venant d’horizons divers, censés débattre et éclairer le gouvernement sur les questions économiques. En pratique, sa contribution a été essentiellement de produire des rapports - en moyenne huit par an - utiles, éclairants, mais rarement décisifs dans la conduite de l’action publique. Au total, l’influence du conseil a été relativement limitée et a continûment décliné au cours du temps. Signe de ce déclin, le Premier ministre n’assiste plus, depuis 2006, à ses séances plénières.
Le CAE a été aussi critiqué pour être un lieu perméable au lobbying et aux conflits d’intérêt. Un tiers de ses membres sont des économistes de banques. Un autre tiers - dont son président délégué - sont des académiques aux multiples casquettes, qui cumulent un poste universitaire avec des fonctions de conseil dans la banque et l’industrie, et des sièges aux conseils d’administration d’entreprises. On a vu, par exemple, un rapport sur le gaz et l’électricité rédigé par un professeur par ailleurs consultant pour un cabinet dont les clients sont les grands groupes énergétiques ; un rapport traitant des conséquences de la crise pour la régulation financière corédigé par deux chefs économistes de grandes banques françaises.
La complexité des questions liées à la globalisation et aux multiples aspects de la crise financière impose que l’exécutif puisse bénéficier, en temps réel