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Libération
Interview

«Le niveau des salaires des PDG n’avait rien à voir il y a dix ans»

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Daniel Lebègue, ancien directeur général de la Caisse des dépôts :
publié le 29 mai 2012 à 22h46

Grand commis de l’Etat, Daniel Lebègue a dirigé le Trésor, la BNP, puis la Caisse des dépôts et consignations de 1998 à 2002. Il préside aujourd’hui l’Institut français des administrateurs et la section française de l’ONG Transparency International.

Le gouvernement a-t-il raison de vouloir plafonner le salaire des patrons du secteur public ?

C’est une question d’exemplarité. On demande à tous les citoyens des efforts plus rudes qu’ils n’en ont jamais faits, il est donc normal de commencer par ceux qui sont en haut de l’échelle. C’est un problème de crédibilité publique dans la période de crise et de partage des efforts que connaît le pays.

Que vous inspire par exemple le cas d’EDF, où il existe un ratio de 1 à 64 entre le plus bas et le plus haut salaire ?

A l’époque où je dirigeais la Caisse des dépôts, je gagnais 15 000 euros brut par mois. C’était il y a seulement dix ans, mais le niveau des rémunérations n’avait rien à voir. Le ratio n’excédait pas 1 à 20 dans les entreprises et établissements publics. Depuis, il y a eu une envolée, symétrique à celle observée dans les grands groupes privés. Une évolution en partie due au fait que la taille de certaines entreprises publiques s’est considérablement développée. Le salaire de ces PDG et directeurs généraux a non seulement été revalorisé, mais il a progressé beaucoup plus vite que celui du reste du personnel. Sur la période 2000-2010, les plus hauts dirigeants des grandes entreprises (privées comme publiques ou semi-publiques) ont vu leur rémunération augmenter en moyenne de 15% par an, contre 2 à 4% pour le reste des salariés.

Comment faire accepter au patron d’un groupe public qu’il gagne beaucoup moins que dans le privé ?

Quand on accepte ce genre de poste, la motivation première n’est pas de gagner beaucoup d’argent. C’est une mi