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Libération
Reportage

En Irlande, le Pacte de stabilité contre la peur du vide

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La crise et ses dégâtsdossier
Pour ou contre le Traité européen d’union budgétaire : le référendum qui se tient aujourd’hui oppose le gouvernement de Dublin aux partis anti-austérité.
publié le 30 mai 2012 à 22h06

Accroché à sa guitare, Don Baker chante de sa voix éraillée de crooner irlandais : «Politiciens, vous promettez ceci, vous promettez cela, fichez-moi la paix !» Hilare, Gerry Adams, en chemisette et pieds nus dans ses mocassins souples, s'avance sur scène à ses côtés. Devant une petite assemblée tout acquise à sa cause, en plein cœur de Dublin, le président de Sinn Féin, député de Louth (à la frontière avec l'Irlande du Nord), défend le non au référendum qui se tient aujourd'hui sur le nouveau Traité européen d'union budgétaire.

L'Irlande est le seul pays à soumettre au vote populaire la ratification de ce texte, adopté le 30 janvier par 25 des 27 Etats membres de l'Union européenne (à l'exclusion du Royaume-Uni et de la République tchèque). «Ce pacte n'est pas bon pour l'Irlande, pas bon pour l'Europe, il ne comporte aucune stimulation pour relancer l'emploi, aucun volet social», affirme Gerry Adams. Sinn Féin capitalise sur le mécontentement d'une population ouvrière étranglée et lassée par bientôt cinq ans d'austérité.

Pourtant, en dépit d'une audience grandissante, le parti nationaliste ne devrait pas gagner son pari. Tous les sondages donnent le oui vainqueur, avec 55 à 60% des voix. Même si le nombre important des indécis pourrait réduire l'écart. «En Irlande, le vote n'est pas fondé sur l'appartenance sociale. Or, dans ce cas précis, les classes aisées et moyennes vont voter oui, les fermiers sont divisés et la classe ouvrière penche nettement pour