Gerald Rückert ne décolère pas. L’agriculteur de Casekow, un village au nord-est de Berlin, ne compte plus les vols sur son exploitation… Ça a commencé par les vélos, le carburant ou la perceuse. Mais aujourd’hui, c’est l’existence même de son exploitation qui est menacée : 160 000 euros d’engrais et de pesticides se sont envolés en une nuit ; puis, quelques semaines plus tard, un tracteur d’une valeur de 100 000 euros.
Gerald Rückert n’est pas seul dans son malheur. Depuis des mois disparaissent chaque semaine - toujours de nuit et dans un périmètre de 50 km à l’ouest de la frontière avec la Pologne - tracteurs, moissonneuses, grues de chantier ou bétonneuses, bateaux à moteur, panneaux solaires, rouleaux de câbles en cuivre… La semaine dernière, la police a pu suivre jusqu’à l’Oder les traces d’un tracteur volatilisé dans l’obscurité : l’engin avait tout simplement traversé le fleuve frontière à bas niveau avant d’être hissé, côté polonais, sur un véhicule lourd. Comme bien d’autres depuis l’ouverture de la frontière germano-polonaise en 2007, le tracteur de Gerald Rückert a disparu à jamais derrière l’ancien rideau de fer.
La police est convaincue d'avoir à faire à des bandes polonaises ou lettones agissant sur commande. «Au début, c'était un tracteur ici ou là. Mais depuis 2009, c'est un phénomène de masse», assure Michael Branding, un vendeur de machines agricoles. «Pour voler un tracteur, il vous faut un repéreur, un technicien à même de faire démarrer l'eng