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Libération
INTERVIEW

«Kerviel était piégé dans un engrenage médiatique»

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L'ancien trader a assuré recevoir des "tonnes" de messages de soutien. Sa très sévère condamnation a suscité de nombreuses réactions, et la réprobation de la presse française qui s'étonne que la Société Générale soit ainsi lavée de toute responsabilité. ( © AFP Martin Bureau)
publié le 4 juin 2012 à 12h35

Ancienne conseillère en communication du ministre de la Justice Dominique Perben, Patricia Chapelotte dirige aujourd'hui l'agence Albera Conseil et a supervisé la communication de Jérôme Kerviel lors de son premier procès. Elle revient sur son expérience et sur la stratégie médiatique de l'ex-trader de la Société Générale.

Comment avez-vous abordé la communication de Jérôme Kerviel ?

Je suis entrée dans le dossier en juillet 2010. Les avocats étaient débordés par la pression médiatique, les journalistes les harcelaient littéralement. C'était à qui aurait Kerviel le premier. J’avais face à moi un jeune homme de 32 ans, avec une image plutôt positive dans les médias et de l’opinion. Jérôme avait un physique sympathique, et, pour tout le monde, il était improbable qu’il ait pu perdre 4,9 milliards d’euros à lui tout seul. Nous avons travaillé selon cet angle du «bon sens près de chez nous» : quand monsieur Dupond a un découvert de 500 euros, sa banque l’appelle. Comment voulez-vous qu’elle ne se soit rendu compte de rien dans le cas Kerviel ? Les médias et l’opinion ont été réceptifs à cet argument.

Quelle était la doctrine concernant les prises de paroles de Jérôme Kerviel ?

Il y a plusieurs étapes dans procès. Pendant celle de l’instruction, nous avions décidé que Kerviel ne parlerait pas aux médias, sauf pour des points «off». L’idée, c'était qu’il explique son métier à des journalistes qui avaient besoin de comprendre comment il travaillait. Il