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Portrait

Le capitalisme français perd son patriarche

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C’est à Antoine Bernheim, habile tacticien décédé hier, que Vincent Bolloré ou Bernard Arnault doivent leurs fortunes.
Antoine Bernheim, en 2008. (Photo Reuters)
publié le 5 juin 2012 à 22h37
(mis à jour le 6 juin 2012 à 15h59)

Le faiseur de rois est mort. Antoine Bernheim, ancien associé gérant de la banque Lazard (1967-2005), ancien président de l'assureur Generali (1995-2010) est décédé hier dans son sommeil à l'âge de 87 ans. Mais nul n'osera proclamer «vive le nouveau faiseur de rois», tant Bernheim incarnait un capitalisme manœuvrier à l'ancienne, page réputée tournée. Quoique de récents hérauts du business faisant profession de modernité, comme Xavier Niel (fondateur de Free), n'ont pas hésité à confier une partie de leur destin à «Tonio».

«Mentor». Banquier, conseiller, entremetteur de haut vol, agent immobilier ou d'influence, visiteur du soir ou du matin, Antoine Bernheim savait tout faire. A son palmarès, l'émergence de grandes fortunes françaises. Comme Bernard Arnault - «Je l'ai connu quand il avait trois francs six sous» - il l'aidera à construire son groupe LVMH, à l'aide de montages alambiqués. Arnault lui a rendu cet hommage posthume : «C'était un mentor, un compagnon fidèle, un sage, un ami.» Il peut en effet lui dire merci. A contrario, un François Pinault n'utilisera ses services qu'une fois fortune faite, afin de la blanchir à l'issue d'une série de coups tordus. «Je n'ai pas fait grand-chose pour lui, mais il souhaitait un peu anoblir son conseil d'administration», disait le patriarche des affaires. Mais le grand œuvre d'Antoine Bernheim, c'est Vincent Bolloré, chaperonné depuis 1981. En tant que banquier d'affaires de la ma