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Libération

Cannabis : à propos d’un débat qui n’a pas eu lieu

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publié le 11 juin 2012 à 19h16

Impossible, bien entendu, de déterminer l’impact qu’auront eu les déclarations de Cécile Duflot sur le vote de dimanche, et les résultats du premier tour. La seule chose parfaitement claire, c’est que la question des drogues plonge le Parti socialiste, et le gouvernement avec, dans une sorte de sidération, dans un état que toute pensée réfléchie semble avoir déserté. Les seules voix autorisées à s’exprimer le font à l’unisson, sur le ton qu’il convient pour montrer que la gauche normale est, sur le sujet, inflexible : l’interdit doit être maintenu, même en ce qui concerne le cannabis, et la réponse pénale est la meilleure qui soit dans le meilleur des mondes possibles.

Ah, bon, pourquoi ça ? De tous ceux qui ont pu, par le passé, émettre des critiques appuyées sur les faits, proposant une analyse des expériences étrangères et de la situation française, de François Rebsamen à Daniel Vaillant, en passant par Jean-Michel Baylet, on n’aura entendu qu’un assourdissant silence.

Ceux qui prônent le maintien de la prohibition, en revanche, s'en sont donné à cœur joie. La palme de l'argument le plus subtil revient sans doute à Arnaud Montebourg, déclarant avec finesse : «Je n'ai pas envie que les enfants de France puissent acheter du cannabis dans les supermarchés.» A vous aussi, il vous avait échappé qu'il s'agissait d'autoriser le placement de sachets d'herbe juste avant les caisses, à hauteur de main d'un enfant de cinq ans, entre les fraises tagada et les nounours en gélat