Le «témoin mystère» de l'affaire Kerviel est un homme qui n'a pas peur. A 55 ans, Philippe Houbé sait que sa venue à la barre, demain, risque de lui valoir un licenciement. Salarié depuis 1993 de Fimat (rebaptisée Newedge), la société de courtage de la Société générale, ce chargé de compte au «back-office dérivés» a cependant vu des choses qu'il ne veut pas garder pour lui. Il y a quelques semaines, il a contacté David Koubbi, l'avocat de Jérôme Kerviel. Et comme son nom a été rendu public lundi, Libération a pu le contacter et obtenir son témoignage.
Travaillant au back-office, Philippe Houbé avait accès à toutes les opérations de Kerviel, enregistrées sous le compte SF 581, ainsi qu'aux autres comptes du desk. Fimat-Newedge sert de courroie de transmission entre la Société générale et les différentes Bourses. «Dès que l'affaire est sortie, je me suis amusé à reconstituer sa position», confie-t-il. Pour ce spécialiste des chiffres, il s'agissait d'un exercice intellectuel. Mais aussi d'une volonté de comprendre les événements auxquels il avait assisté à l'automne 2007.
«Tension». «A cette époque, il régnait une énorme tension au sein de Fimat à cause de Kerviel», raconte-t-il. Le trader passe alors des ordres de plusieurs dizaines de milliards d'euros, via Moussa Bakir, son courtier à la Fimat. Un afflux qui pose des problèmes techniques au service du «middle-office». «Bakir mettait sur son compte erreur une partie des ordres, c