Le «témoin mystère» ne s’est pas déballonné. Philippe Houbé, le salarié de Newedge (une filiale de la Société générale), est bien venu hier à la sixième journée du procès Kerviel. Et son témoignage n’a pas déçu. Certes, il n’a pas «démontré» l’innocence de l’ex-trader, ou plutôt la thèse selon laquelle la Société générale savait et avait laissé faire son employé. Mais, il a insufflé du doute.
«Expiatoire». Il est 11 h 30 quand Houbé arrive à la barre, après le témoignage de Maxime Kahn, le trader qui a débouclé les opérations de Kerviel. La présidente laisse David Koubbi, le défenseur de l'ex-trader, l'interroger. «Pourquoi m'avez-vous contacté ?» demande l'avocat. «Je voulais résoudre un cas de conscience, répond le salarié de Newedge. Longtemps j'ai cru qu'il s'agissait de sacrifier une victime expiatoire. Mais ce que disait la Société générale me semblait incohérent.» Et d'ajouter : «J'avais l'impression que, afin de sauver leur poste, les personnes qui représentent la banque salissaient l'entreprise, en la faisant passer pour un bateau ivre qui ne contrôle rien. Cela, je ne le supporte pas, car je sais comment fonctionnent les sociétés financières.» En tant que membre du back-office, Houbé ne comprend pas comment des milliards d'euros de positions ont pu passer inaperçus. Surtout que les méthodes utilisées par Kerviel n'étaient pas si compliquées : de simples «bidouilles d'amateur», affirme Houbé.