Jeudi soir, place Syntagma à Athènes. Ecrasante toute la journée, la température commence à peine à redescendre. Mais l'ambiance, elle, est digne d'un stade de foot chauffé à blanc. Théâtre occasionnel d'immenses manifestations anti-austérité, l'esplanade principale de la capitale grecque accueille ce soir le dernier meeting de campagne d'Antonio Samaras, leader du parti de droite Nouvelle Démocratie.Le mouvement est bien placé pour l'emporter aux élections législatives de dimanche, et son leader pour devenir le Premier ministre d'un pays plus que jamais en déroute financière. « Hellas [Grèce], Hellas, Samaras!» scande la foule.
Peu de jeunes gens parmi les deux à trois mille supporters de cet économiste de 61 ans, ancien ministre de la Culture et des Affaires étrangères. Mais tous partagent la même préoccupation : sauver la place de la Grèce au sein de la zone euro. « Nous sommes les premiers des Européens, d'ailleurs même le mot 'Europe' est grec, argumente Roula, 54 ans, une brassée de drapeaux bleus dans les bras. On ne va quand même pas se faire sortir de notre propre maison!»
Spyros, jovial entrepreneur de 33 ans, raisonne concrètement: «J'importe en Grèce des oreillers produits en Italie, en Roumanie, en Hongrie. Si on revient à la drachme, c'est-à-dire à une monnaie beaucoup moins forte, je suis fichu. Avec les augmentations d'impôts, on me prélève 22% de mon salaire, et 20% du chiffre d'affaires de mon entreprise. Samar