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Interview

«Hollande est parfaitement au clair sur les réalités de la crise»

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La crise et ses dégâtsdossier
Pour l’économiste Daniel Cohen, les socialistes ont appris des erreurs de 1981 et sont préparés :
publié le 19 juin 2012 à 0h17

Professeur d’économie à l’Ecole normale supérieure de Paris et cofondateur de l’Ecole d’économie de Paris, Daniel Cohen explique les défis auxquels la nouvelle majorité est confrontée et les solutions qu’elle pourrait engager.

La gauche vous paraît-elle mieux armée qu’en 1981 et qu’en 1997 pour affronter la crise économique ?

En 1981, la gauche relance, nationalise et se fracasse sur des réalités économiques qu’elle n’a ni comprises ni identifiées. La gauche fait à cette occasion, durement, l’apprentissage de l’Europe. En 1997, elle parvient au pouvoir alors qu’Alain Juppé et la droite se sont trompés à leur tour sur le cycle économique. Elle arrive au bon moment et va profiter d’une phase de croissance de l’emploi comme on en avait jamais connu depuis trente ans. Aujourd’hui, le contexte est tout autre et la grande différence, c’est que François Hollande et les socialistes sont parfaitement au clair sur les réalités et la violence de la crise qui nous frappe. Ils n’ont pas besoin d’un temps d’apprentissage et n’ont pas à assumer une déception comme en 1981.

Quel est le premier problème auquel le gouvernement est confronté ?

Celui de la crise de l’euro. Ce ne sont ni l’Europe ni l’euro qui ont créé cette crise venue des Etats-Unis, mais celle-ci a révélé les graves vices de fabrication de notre union monétaire. Les économistes américains l’avaient d’ailleurs identifié dès le début : on ne peut partager une monnaie sans partager d’autres instances communes pour la protéger. Il faut, par exemple, une union bancaire pour protéger les Etats, et un fonds de solidarité doté d’une vraie force de frappe, bien supérieure à l’actuel fonds européen de s