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Libération

Rajoy prêt à tout pour ramasser des miettes de la fraude fiscale

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publié le 19 juin 2012 à 0h17

«Régularisation fiscale». Les autorités espagnoles ont le sens de la litote, car la réforme récemment approuvée par décret-loi est la plus spectaculaire amnistie fiscale que le pays ait connue. La nouvelle législation est si clémente à l’égard des fraudeurs qu’elle suscite une polémique sur sa moralité. Financièrement aux abois, contraint de redresser l’énorme déficit public (8,9%), le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy est prêt à tout pour faire rentrer de l’argent. Avec cette amnistie, il espère régulariser une infime partie de cette immense poche qu’est l’économie souterraine espagnole, laquelle représenterait environ un quart du PIB.

L’objectif est de faire remonter 25 milliards d’euros, somme sur laquelle le fisc ponctionnerait 10%, soit 2,5 milliards d’euros. Peu de choses au regard des sommes échappant jusqu’ici à l’impôt. Mais cet argent représenterait tout de même la moitié du Fonds de garantie bancaire national (Frob). Du coup, le gouvernement est prêt à accorder une singulière immunité au fraudeur repenti. Si celui-ci est disposé à régulariser sa situation, il lui suffit de déposer une certaine somme sur un compte courant, en Espagne ou à l’étranger, et d’assurer que cette quantité a été encaissée avant le 31 décembre 2010. Le fisc se chargera de lever les 10% d’impôt, mais fermera les yeux sur le reste : l’origine du pactole, les activités auxquelles il est lié… L’argent n’a pas d’odeur. Et il risque d’être très facile pour un trafiquant de drogue de blanc