Le télescopage est pour le moins osé. Hier matin, le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac, annonçait devant le comité d'entreprise qu'il allait supprimer 5 122 emplois en dix-huit mois, soit 10% des effectifs. L'après-midi, il déambulait sur la moquette du tout nouveau salon de la compagnie à l'aéroport de Roissy, un espace de luxe et de volupté conçu pour bichonner les passagers des classes affaires. «J'ai dû annoncer ce matin […] des sureffectifs dans des conditions très douloureuses, mais la vie ne s'arrête pas. Au contraire, elle continue avec des investissements au sol et en vol», a lancé Juniac. Bref, le patron a voulu symboliser le marché qu'il propose aux syndicats pour sauver Air France de la banqueroute, via son plan «Transform 2015». Il s'engage à investir (rénovation de la classe affaires), à ne pas transférer d'activités à l'extérieur et à éviter les licenciements secs. Mais si, et seulement si, les syndicats acceptent de valider des sacrifices sur les salaires et le temps de travail, pour augmenter la productivité de 20%. Sinon, il y aura plan social et départs contraints.
Drastiques. C'est dans ce contexte que le détail des suppressions de postes a été dévoilé, après des semaines de négociations. La direction veut donc supprimer 5 122 postes d'ici à fin 2013. De quoi économiser 900 millions d'euros, soit près de la moitié des 2 milliards d'économies du plan Transform. 1 700 emplois disparaîtront tout seuls grâce aux départs