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Libération
INTERVIEW

«Etre de gauche, c'est réduire la dépense de manière juste»

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Que doit être une rigueur de gauche? Banquier multicarte aux influences multiples, Jean Peyrelevade répond à «Libération».
publié le 22 juin 2012 à 14h38

Proche de François Bayrou durant la campagne présidentielle, ex-directeur de cabinet adjoint de Pierre Mauroy en 1981, ancien patron du Crédit lyonnais, l'économiste Jean Peyrelevade est un banquier multicarte et aux influences multiples. Un homme de gauche, se revendique-t-il toujours, qui explique à Liberation.fr ce que devrait, selon lui, être une rigueur de gauche. Entretien décapant.

Le gouvernement parle «d’effort juste et partagé» pour préparer les Français à la rigueur. La bonne méthode ?

Ce qui manque encore au gouvernement, c’est une pensée macro-économique claire. Car la rigueur, ce n’est pas seulement revenir à l'équilibre budgétaire, c’est y revenir en corrigeant en même temps le défaut majeur de l'économie française : son manque de productivité à l’origine de notre décrochage croissant vis-à-vis de nos principaux partenaires. Or si j’ai entendu parler du premier objectif, le nécessaire rétablissement des comptes, je n’ai toujours pas entendu dire comment on allait résorber le défaut de productivité de l'économie française.

Pire, pour corriger le déséquilibre budgétaire, on utilise des moyens qui vont aggraver ce défaut de productivité avec une hausse de la pression fiscale sur les entreprises. On se tire une balle dans le pied. J’ajouterai qu’en procédant de cette manière, on n’obtiendra jamais l’amélioration du taux de croissance qui est affiché à juste titre comme un objectif majeur.

Voulez-vous dire que le désendettement est un objectif secondaire au regard de la situation actuelle ?

Il faut bien entendu dégager des ressources budgétaires nouv