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Libération
Interview

«Il faudrait un Smic par secteur»

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Nicolas Bouzou. Enseignant à sciences-Po et directeur du cabinet Asterès :
publié le 25 juin 2012 à 22h16

Pour Nicolas Bouzou, enseignant à Sciences-Po et directeur du cabinet Asterès, un Smic unique n’est plus la forme de revenu minimum la mieux adaptée à l’économie française.

Pourquoi estimez-vous que la hausse du Smic ne répond pas à la situation économique de la France ?

On ne peut pas être pour ou contre la hausse du Smic dans l’absolu. Tout dépend des gains de productivité que font les entreprises. En clair, la croissance des salaires doit être égale à la croissance de la productivité. Dans le cas contraire, on crée du chômage. A l’inverse, si les gains de productivité augmentent plus vite que les salaires, on risque la surproduction.

Qu’en est-il de la France ?

La productivité progresse de façon différente d’un secteur à un autre. Elle augmente dans les secteurs à forte valeur ajoutée comme les nanotechnologies, la pharmacie, l’agroalimentaire, le cosmétique ou encore la pharmacie. Mais elle baisse pour les services aux ménages ou l’industrie automobile. Or, nous n’avons qu’un seul Smic, alors même qu’il en faudrait un pour chaque secteur. Mais cela suppose un dialogue social que nous n’avons pas en France.

Conclusion ?

La hausse du Smic qui vient d’être décidée pèsera sur le niveau de l’emploi. Elle nous fera perdre de la compétitivité et cela ne se traduira pas par des gains de pouvoir d’achat. Certes, certains salariés vont voir leurs rémunérations augmenter, mais comme le taux de chômage risque d’augmenter, cela aboutira à une pression à la baisse sur tous les autres salariés. On voit alors que le Smic crée un effet redistributif, mais dans le mauvais sens du terme.

Quels effets au niveau international ?

A priori, nous avons tendance à penser qu’u