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Reportage

SeaFrance retrousse sa Manche pour le compte d’Eurotunnel

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L’exploitant du tunnel a repris les ferries de la compagnie maritime et les loue à la coopérative des ex-salariés. Derrière la bonne action, une belle affaire.
La Scop Sea France devrait rouvrir sa ligne Calais Douvres fin juillet. Elle promet d’embaucher, dans un premier temps, 300 personnes. (Photo CÉDRIC DHALLUIN pour Libération)
par Stéphanie Maurice, Envoyée spéciale à Calais
publié le 25 juin 2012 à 21h26

«C'est presque machiavélique.» Il y a de l'admiration dans la voix d'Olivier (1), ex-SeaFrance, aujourd'hui passé à la concurrence, face au joli coup joué par Eurotunnel. L'exploitant du tunnel sous la Manche a obtenu gain de cause auprès du tribunal de commerce de Paris. Le 11 juin, il a remporté les trois bateaux et tous les actifs de l'ancienne compagnie maritime, placée en liquidation judiciaire le 9 janvier. Le tout pour 65 millions d'euros, alors qu'ils étaient estimés entre 150 et 200 millions d'euros. Une bonne affaire et un geste a priori chevaleresque : il sauve 500 emplois et, au passage, la Scop portée par le syndicat maritime Nord, anciennement majoritaire chez SeaFrance.

Transfuges. Eurotunnel prévoit en effet de confier l'exploitation des navires à la coopérative des ex-salariés. Celle-ci n'avait pas les moyens d'acheter les bateaux. Il l'a fait pour elle, et lui louera les deux ferries et le fréteur, pour une somme tenue secrète. La nouvelle compagnie SeaFrance (le nom de la marque devrait être conservé) rouvrira sa ligne Calais-Douvres sans doute fin juillet. Elle promet d'embaucher dans un premier temps 270 marins, ainsi qu'une trentaine de sédentaires et espère, à terme, tourner avec un effectif de 560 personnes. SeaFrance comptait 880 salariés à sa fermeture.

Alors, happy end ? A Calais, on ne crache pas sur les créations d'emplois. «C'est une bonne nouvelle, lance Sandie, femme de pêcheur, qui vend le poisson frais sur le