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Analyse

Au sommet de Bruxelles, fédérer l’Europe sans en avoir l’air

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Les pistes proposées pour sauver la monnaie unique sont clairement fédérales. Sans le dire.
par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles
publié le 26 juin 2012 à 21h46

Ne dites pas : «vers le fédéralisme européen», dites : «vers une véritable union économique et monétaire». Façon de contourner un tabou. Car c’est bien le chemin fédéral que proposent d’emprunter, pour sauver l’euro, les présidents des quatre institutions européennes (Herman Van Rompuy pour le Conseil européen, José Manuel Durao Barroso pour la Commission, Mario Draghi pour la Banque centrale européenne et Jean-Claude Juncker pour l’Eurogroupe). Dans un document de sept pages, rendu public hier, qui sera soumis aux vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement, réunis demain et vendredi à Bruxelles, ils tracent les pistes qui transformeront la zone euro d’ici une dizaine d’années en un mélange entre les Etats-Unis et la République fédérale d’Allemagne : le temps où l’on croyait qu’une monnaie unique pouvait survivre avec dix-sept politiques économiques et budgétaires indépendantes est révolu. En endossant cette «feuille de route», qui sera complétée et dotée d’un échéancier d’ici décembre, les Vingt-Sept (et surtout les dix-sept de la zone euro) montreront qu’ils ont compris que des demi-mesures ne pourront résoudre la crise.

À quoi ressemblera la zone euro du futur ?

L'Union économique et monétaire ne peut se réduire à l'euro. La crise a montré que les divergences des politiques économiques nationales affectaient l'ensemble de la zone euro. Il faut donc contraindre les Etats à la convergence en limitant leur souveraineté économique et budgétaire. Ainsi, les poli