Selon l’économiste Benjamin Coriat (1), les pistes avancées au niveau européen ne permettront pas de restaurer la croissance et de mettre un terme à la crise économique, financière et sociale qui secoue l’Europe.
L’Europe fait-elle fausse route ?
Je ne crois pas que le fédéralisme dont on nous parle nous protégera des crises. Si l’on considère les propositions avancées en Europe, elles conduisent à consolider les vices fondamentaux qui nous ont mis dans cette situation. Plus précisément, elles laissent aux marchés financiers le contrôle des dettes publiques. Tout se passe comme si le «fédéralisme» n’était avancé que pour consolider et garantir l’ordolibéralisme.
C’est-à-dire ?
A la différence du libéralisme au sens usuel du terme, l’ordolibéralisme ne fait pas confiance à la «main invisible». Dans la vision ordolibérale des choses, qui nous vient de l’école de pensée néolibérale allemande, le jeu du marché ne permet pas de converger spontanément vers l’équilibre. Il n’y aurait donc pas d’harmonie naturelle des intérêts. Résultat, pour que le marché puisse fonctionner et que les équilibres soient atteints, les Etats doivent mettre en place un cadre institutionnel et juridique contraignant, censé permettre aux mécanismes de marché de fonctionner. Les ordolibéraux croient en la sagesse des experts à qui est donc confiée l’élaboration des règles. Nous sommes dans ce moment-là qui consiste à garantir l’existence de la zone euro en reportant la charge des équilibres sur chacun des pays. Soulignons enfin que les solutions proposées