Philippe Aghion est professeur d'économie à Harvard et spécialiste de la croissance. Co-auteur de Repenser l'Etat (Seuil, République des idées), il plaide pour un «geste» français vis-à-vis de l'Allemagne et l'annonce très rapide de réformes structurelles en France.
Peut-on encore sauver la zone euro ?
Oui, mais il faut agir vite. La poursuite du statu quo actuel mènerait inévitablement à son délitement plus ou moins rapide.
A quelles conditions cette sortie par le haut est-elle possible ?
J'en identifie trois. Il faut d'abord un accord sur une réduction de dette pour différents pays qui ne peuvent plus s'en sortir autrement, et en évitant de tergiverser pendant des années comme on l'a fait avec la Grèce. Ce haircut concernerait essentiellement l'Espagne et l'Italie, dont le poids économique est tel que leur naufrage entraînerait cette fois toute l'Europe dans leur sillage. Plus on attend, plus ce sera douloureux.
Quelles autres mesures préconisez-vous ?
Il est indispensable que la France fasse un geste envers l’Allemagne en acceptant une intégration européenne plus poussée. C’est à la France de faire le premier pas parce qu’Angela Merkel, elle, ne le fera pas si la France ne se résoud pas à la mise en place d’une instance de supervision budgétaire européenne validant les budgets des Etats membres. Il faudra organiser un lien avec le Parlement européen de manière à lui donner une légitimité démocratique, mais l’instance de supervision devra rester indépendante. C’est un équilibre subtil à trouver.
En quoi ce gendarme budgétaire européen pourrait-il contribuer au retour de la croissance ?
La Commission doit sortir d’une vision budgétaire purement nominale. Il est urgent d’autoriser de