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Libération
Interview

«Une surveillance éviterait les collusions entre banques et Etats»

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L’économiste Nicolas Véron analyse l’enjeu d’une union bancaire européenne.
publié le 28 juin 2012 à 21h56

Les dirigeants européens ont longtemps occulté la responsabilité des banques dans les tensions qui secouent la zone euro. Mais l'aggravation de la crise, à la suite de l'effondrement des caisses d'épargne espagnoles, leur interdit désormais de nier l'évidence. La création d'une union bancaire européenne, seule à même de purger le système bancaire et d'éviter la répétition des dérives passées, est donc au cœur des discussions du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement qui s'est ouvert hier après-midi. La négociation s'annonce toutefois difficile, car la supervision européenne et la garantie commune des dépôts des ménages sont étroitement liées à l'émergence d'une union budgétaire. Or, pour Berlin, un tel engagement financier ne peut se concevoir sans une réelle union politique, c'est-à-dire un contrôle démocratique de la zone euro. L'économiste Nicolas Véron, qui partage son temps entre le think tank européen Bruegel et son équivalent américain, le Peterson Institute, décrypte pour Libération les enjeux de ces discussions.

Evoquer une union bancaire, n’est-ce pas reconnaître que la résolution de la crise de la zone euro passe aussi par les banques ?

C’est un sérieux progrès que la question bancaire, qui a été jusqu’à présent étouffée, soit enfin sur la table. Beaucoup de pays, dont l’Allemagne et la France, ont longtemps nié l’existence d’un problème. Pourtant, le système bancaire européen a été fragilisé par la crise des subprimes en 2007 et il ne s’en est jamais vraiment remis. Cette fragilité a eu un impact énorme sur les décisions qui ont été prises depuis le début de la crise des dette