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Libération
chronique «éconoclaste»

Faut-il brûler les partenariats public-privé ?

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Chaque lundi, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement.
publié le 2 juillet 2012 à 15h49

Un jour, une très belle danseuse de ballet proposa à l'écrivain George Bernard Shaw de porter ses enfants. «Imaginez, lui dit-elle, ils auraient ma beauté et votre intelligence.» L'écrivain rétorqua qu'il craignait qu'à l'inverse, la progéniture hérite de son physique à lui et de l'intelligence de son interlocutrice.

Depuis 2004, un nouveau mode de financement des investissements publics connaît un grand succès : le partenariat public-privé. Dans ces dispositifs, au lieu d’acheter une infrastructure, l’Etat la fait construire par un opérateur privé, puis en loue l’usage sur une longue période. Ce dispositif a notamment été utilisé pour construire des routes, des lignes à grande vitesse, le «Pentagone français» de Balard, ou l’hôpital Sud-Francilien. Leur objectif est a priori louable : concilier l’efficacité de la gestion du secteur privé avec les missions de service public.

Mais comme dans l’histoire de George Bernard Shaw, le résultat a bien souvent été l’inverse : la piètre gestion du secteur public, jointe à la cupidité du secteur privé. C’est qu’il y a un problème de base dans le raisonnement sous-tendant les partenariats public-privé. L’Etat français peut s’endetter à trente ans au taux de 3,5% par an. Le coût du capital dans les entreprises du BTP qui exécutent ces contrats (Bouygues, Eiffage, Vinci, etc…) est de l’ordre de 7%. Bien évidemment, les loyers payés par l’Etat s’appuient sur le coût du capital des entreprises. L’Etat paie donc 7% d’intérêts