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Libération

Du contrôle des loyers comme technique de destruction urbaine

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publié le 9 juillet 2012 à 19h06

Si Flaubert avait été économiste, le Dictionnaire des idées reçues aurait certainement comporté une entrée «prix : trop élevé». Ça semble une évidence : les prix sont trop hauts. On attend donc du gouvernement qu'il lutte contre la vie chère et défende le pouvoir d'achat, en ramenant les prix à un niveau plus «raisonnable». La plupart des sondages indique qu'une majorité écrasante (il s'agirait de 80%) des sondés trouve légitime un contrôle des loyers. De la même manière, on imagine mal qu'une manifestation batte le pavé pour exiger une hausse du prix du gaz ; au contraire, si le gouvernement parvient à imposer que les tarifs augmentent de 2% au lieu des 8% demandés par GDF-Suez, le soutien populaire sera au rendez-vous.

Dans de nombreux secteurs, la meilleure façon d’assurer une baisse durable des prix est d’encourager la concurrence, y compris en permettant aux consommateurs français d’accéder à des produits fabriqués à l’étranger. Mais, sur certains marchés, cette politique ne fonctionne pas : on voit mal comment importer massivement des logements indiens ou chinois… Il est donc tentant d’agir directement sur les prix, en les réglementant. Pourtant, l’intervention directe est le plus souvent une fausse bonne idée. Car l’une des fonctions essentielles du prix est de fournir de l’information : il constitue un signal, simple à défaut d’être juste, sur la rareté et la désirabilité. Sur un marché non réglementé, le prix ne peut pas trop s’écarter durablement de l’équil