Les Argentins avaient presque oublié ce 18 décembre 2001, lorsqu'ils sont descendus par centaines de milliers dans les rues de Buenos Aires. Ce soir-là, ils ont martelé, furieux, leurs casseroles dans toute la capitale. Les images de ces cacerolazos ont fait le tour du monde. En quelques jours, l'Argentine a changé cinq fois de président, décrété le défaut sur sa dette publique extérieure (132 milliards de dollars) et mis fin à la parité fixe entre le peso et le dollar, avant de le dévaluer fortement. Les banques ont baissé le rideau, et un corralito (blocage des comptes) a été décidé. Un an plus tard, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et près d'un quart est au chômage. Les financiers de Buenos Aires hurlent à la mort du pays…
Ils se trompent. Dans les années qui suivent, le pays affichera des taux de croissance à l'asiatique. Le chômage recule, la pauvreté diminue plus vite qu'au Brésil. En faisant un bras d'honneur à la communauté financière internationale et au FMI, l'Argentine semble s'être tirée d'affaire. «La Grèce ferait bien de s'en inspirer», estiment aujourd'hui certains observateurs.
Seulement voilà, un ralentissement de la croissance (3% cette année, contre 8,9% en 2011) et l'instauration, en avril, d'un contrôle des changes ont suffi à réactiver d'anciens comportements dictés par la peur d'une nouvelle faillite. Le plus évident ? La ruée vers le «billet bleu» (ou dollar parallèle), par opposition au billet vert. Da