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TRIBUNE

Il faut changer le travail pour créer de l’emploi

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par Stéphane Veyer, Associé et directeur général de la Scop Coopaname
publié le 12 juillet 2012 à 19h06

Cette année électorale a vu le retour d’une vieille chose que beaucoup pensaient laissée au siècle dernier : la coopérative ouvrière (ou Scop). Avec la création d’un ministère délégué à l’Economie sociale et solidaire, confié à Benoît Hamon, mais aussi la nomination d’Arnaud Montebourg, fervent promoteur des coopératives ouvrières, à la tête d’un ministère où la question de la reprise en Scop se posera avec régularité, le monde coopératif a soudain vu s’ouvrir la perspective nouvelle d’un contexte politique et institutionnel qui lui serait (enfin) favorable.

Devant tant d’entreprises sans repreneur, tant de PME fragiles, tant de petits patrons sans successeur, la Scop présente le visage rassurant de l’entreprise qui ne délocalise pas, qui ne perd pas de vue l’intérêt - et donc l’emploi - de ses salariés associés, qui ne vend pas son âme aux financiers. Le regain d’intérêt est donc légitime.

Mais à force de vanter les capacités des coopératives ouvrières à ancrer leurs emplois sur les territoires, on risque de passer à côté de ce qu’elles ont de plus fécond : un rapport au travail extraordinairement moderne. Car être associé(e) d’une Scop, c’est bel et bien creuser un troisième sillon, fertile et original, entre ceux de l’entrepreneuriat et du salariat.

Lorsque dans la première moitié du XIXe siècle, des travailleurs s'associent «pour exercer en commun leurs professions dans une entreprise qu'ils gèrent directement» (définition actuelle de la Scop), c'est aus