Les députés de gauche et le gouvernement n'avaient pas vu venir le coup. Ils pensaient que la discussion sur la loi de finance rectificative (le collectif budgétaire), en débat depuis lundi à l'Assemblée, pouvait être bouclée en trois jours. C'était oublier qu'après avoir dû renoncer au bouclier fiscal et abroger la plupart des mesures votées en 2007 à l'époque du sarkozysme triomphant, la droite ne pouvait laisser disparaître sans livrer un baroud d'honneur la disposition de la loi Tepa qui illustrait le slogan phare du précédent quinquennat, le «travailler plus pour gagner plus». Un «marqueur» politique essentiel pour elle, au même titre que les 35 heures l'ont été pour la gauche.
«Commis boucher». Pour se faire entendre, la droite n'a pas mis longtemps à retrouver les bonnes vieilles techniques de l'opposition, que la gauche lui a infligées pendant dix ans. But de l'opération : dramatiser les enjeux. Et, au besoin, faire durer le débat pour empêcher la majorité de voter la défiscalisation au détour d'une séance de nuit. Or, l'article 1er de la loi - qui supprime la TVA sociale - ayant été voté mardi juste avant la pause dîner, le débat sur l'article 2, qui abroge l'exonération de charges et la défiscalisation des heures supplémentaires, n'a commencé qu'en soirée.
Le groupe UMP avait bien préparé l'opération. Chaque député inscrit au tour de parole avait sélectionné un exemple de travailleur de sa circonscription qui allait voir