Après plusieurs mois de travail, la commission d'enquête sénatoriale sur les paradis fiscaux se prépare à rendre ses conclusions. Son rapporteur, le communiste Eric Bocquet, se dit «frappé» par la complexité des mécanismes d'évasion fiscale, qui coûteraient plus de 40 milliards d'euros par an au budget de l'Etat. Il préconise notamment la publication d'une comptabilité pays par pays pour les multinationales, et la création d'un «Haut commissariat à la protection des intérêts financiers publics».
Quels sont les principaux enseignements de l'enquête de la commission ?
J'ai été frappé par l'extrême sophistication des procédés utilisés, que j'étais loin de mesurer. J'avais en tête l'image de valises de billets passées sur le lac Léman [à la frontière franco-suisse, ndlr] - un système un peu désuet, mais toujours en vigueur. Mais la mondialisation et les nouvelles technologies ouvrent de nouvelles possibilités pour l'évasion fiscale. Sur un site internet britannique, on peut créer une société en deux heures pour 125 livres [159 euros].
Grosso modo, l'évasion fiscale consiste, pour les entreprises, à localiser les pertes dans les pays à forte fiscalité, où elles sont déductibles des impôts, et les bénéfices dans les paradis fiscaux, où les impôts sont faibles, voire inexistants.
Quel est le rapport entre pouvoir politique et financier dans les paradis fiscaux ?
Ils sont proches, voire confondus! La City de Londres di