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Libération
EDITORIAL

Poison

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publié le 18 juillet 2012 à 7h40

Autant l’avouer d’emblée : la découverte de nouvelles magouilles au sein du monde bancaire n’étonne même plus. Trop de scandales depuis 2008 et la crise des subprimes tuent la capacité à se scandaliser. Trop de promesses de moralisation, formulées la main sur le cœur et jamais suivies d’effet, ont pour longtemps installé l’idée qu’il y a bien quelque chose d’intrinsèquement pourri au royaume des banques et de la finance modernes. La transparence proclamée ? Un clair-obscur rongé par de profondes zones d’ombre. La timide régulation, bricolée en urgence ? Elle suscite, en retour, une ingéniosité infinie visant à la détourner, à la vider de sa substance. Les petites concessions arrachées aux forceps ? Elles n’empêchent pas le business de prospérer, avec une sympathique dose de communication à destination des gogos, c’est-à-dire des citoyens, qu’il faut bien séduire et endormir. L’incapacité des banques à se réformer ou, à défaut, des pouvoirs publics à les y contraindre, continue à inoculer son poison violent. Sur lequel les populismes, ou tout simplement le désenchantement démocratique, prospèrent. L’air est connu : ce sont toujours les mêmes qui s’en sortent ; quant aux hommes et femmes politiques, leurs paroles masquent difficilement leur impuissance. Peut-être le remède finira-t-il par se trouver dans le mal quand, sous la pression des opinions publiques, il n’y aura pas d’autre solution que de traiter, enfin, le problème à la racine. Depuis 2008, on attend toujours. Jusqu’