Sans plus de précaution oratoire, le juge a posé la question qui fâche au PDG de Renault : «Qui peut mettre fin à votre mandat ?» Carlos Ghosn, précis comme l'ingénieur des affaires qu'il affecte d'être, a répondu aussi sobrement que factuellement à Hervé Robert : «L'Elysée.» L'Etat français demeure en effet le principal actionnaire du constructeur automobile. Mais il paraît bien maltraité…
Un mail interne adressé à Ghosn par un de ses collaborateurs en février 2011, en pleine tornade sur la fausse affaire d'espionnage, rend compte d'un rendez-vous avec Jean-Dominique Comolli, de l'Agence des participations de l'Etat (APE, organe de Bercy qui chapeaute l'actionnariat public dans les grandes entreprises privées) : «Il [Comolli, ndlr] a été très désagréable, forme et fond : "La rémunération de votre président est exagérée et pose un problème politique… Vous traitez les représentants de l'Etat de manière inadmissible", etc. Sarko est empêtré dans un magma politique : il vous apprécie toujours à titre individuel et n'a pas intérêt à s'en prendre à vous, mais nous luttons contre un appareil d'Etat, pieuvre insidieuse, qui veut se couvrir.» Difficile d'être plus désobligeant vis-à-vis de son actionnaire de référence.
Carlos Ghosn fera encore mieux, ou pire, en commandant les fadettes (relevés d’appels téléphoniques) des administrateurs publics de Renault, qu’il soupçonnait d’alimenter quelques rumeurs.
Un mois plus tard, nouveau signal d'alarme dans un autr