La crise de la dette en zone euro est le théâtre, depuis quatre ans, d’une activité politique dans le domaine économique d’une rare intensité. A chaque journée, son lot de sueurs froides, d’annonces hésitantes et de remèdes miracles. Le point commun de ces éléments dont le nombre et, parfois, la gravité nous étourdissent : ils se rapportent tous au produit intérieur brut (PIB) et n’ont pour seul horizon que ce PIB, censé représenter la somme des richesses dont dispose un pays. Il s’agit toujours d’entraîner la croissance du PIB, ou de réduire le ratio de dette publique par rapport au PIB. Souvent, on en arrive à juger de la valeur d’un pays entier à son seul PIB. Si l’Allemagne tient à ce point le haut du pavé auprès des institutions européennes, c’est parce qu’elle dispose du premier PIB de l’Union. Il n’y a que le PIB, tout n’est que PIB.
Pourtant, l’absurdité de cet indicateur n’est plus à démontrer. Non seulement, il ne tient pas compte de la richesse produite par l’économie informelle ; le travail ménager et les services bénévoles par exemple. Mais, en plus, il comptabilise en tant que richesse supplémentaire les activités sans tenir compte de leurs externalités négatives (comme la pollution ou le risque sanitaire), de même que les dépenses en réparation faisant suite à des destructions qui n’améliorent pas le niveau de vie des bénéficiaires. Le sophisme de la vitre brisée trouve ici tout son sens.
Le fameux rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi de septembre 2009 met bien en évid