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Libération

Banquier et consul honoraire : une double casquette controversée

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Dans trois paradis fiscaux au moins, la France est représentée par de hauts cadres bancaires. «Confusion des genres» selon le sénateur Eric Bocquet, «choquant» pour l'ONG CCFD-Terre Solidaire.
Le village de Gorey Harbour, sur l'île britannique de Jersey, dont le consul honoraire français dirige les activités de BNP Paribas pour toutes les îles anglo-normandes. (Photo Toby Melville.REUTERS)
publié le 24 juillet 2012 à 7h12

Peut-on représenter à la fois la France et un grand groupe bancaire dans un paradis fiscal ? C'est la question que pose Eric Bocquet, sénateur et rapporteur d'une commission d'enquête sur l'évasion fiscale, publiée ce mardi. Dans le cadre de cette étude, le parlementaire communiste et plusieurs de ses collèges se sont rendus, début juin, sur l'île anglo-normande de Jersey, connue pour sa fiscalité accueillante.

«Sur place, nous avons rencontré le consul honoraire de France, raconte Eric Bocquet. Il nous a simplement indiqué travailler dans la finance... avant que nous ne découvrions qu'il dirige les activités de BNP Paribas dans les îles anglo-normandes. Ce n'est pas illégal, mais je suis assez interloqué par ce mélange des genres : est-il normal, dans un paradis fiscal, de cumuler la carte de visite de la République et celle d'un grand groupe bancaire ?»

«Extrêmement choquant»

Une «confusion des genres» que l'on retrouve chez au moins deux autres consuls honoraires, parmi les 498 exerçant aux quatre coins de la planète : Dominique Lefevre, consul honoraire aux Bahamas, directeur exécutif de Société générale Private Banking sur place; et Urban Eberle, consul honoraire au Liechtenstein et PDG de la banque Alpinum, dédiée, selon son site internet, aux «clients privés aisés» souhaitant «protéger et augmenter leur richesse»