C’est une ligne de fracture européenne qui se précise chaque semaine un peu plus. Un face-à-face sur le front des dettes souveraines. D’un côté, le camp des pays du Nord de l’Europe, avec l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas, la France et la Suisse. De l’autre, une zone regroupant la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie… Les premiers bénéficient de la grâce des marchés, quand les seconds les font fuir. La preuve par l’évolution récente des taux d’intérêt des dettes souveraines.
L’Allemagne et consorts n’affichent pas une forme économique olympique. Qu’importe, les fonds d’investissement, les assurances et autres investisseurs se bousculent aux portillons de leurs Trésors publics. Ils veulent acheter de la dette obligataire de ces pays. Quitte à y laisser des plumes. Résultat : sur des échéances relativement courtes (deux ans), les taux allemands sont négatifs : - 0,06 %. A l’inverse, à chaque fois que les Etats du second groupe se présentent sur les marchés financiers internationaux dans le but de lever des capitaux, les taux d’intérêt augmentent. L’Espagne et l’Italie, notamment, en font les frais à chaque fois qu’elles pointent leur nez sur les marchés. Les pays du Nord, Allemagne en tête, font de cette situation une preuve de leur bonne gestion. Quand ceux du Sud frôlent l’asphyxie budgétaire et financière.
Selon un haut fonctionnaire français, «les taux négatifs des uns sont les taux positifs des autres». Et Xavier Timbeau,