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Libération
TRIBUNE

Auto : le mal vient de plus loin

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publié le 1er août 2012 à 19h35

Le président Hollande a eu raison de fustiger ses prédécesseurs et la direction de PSA qui ont caché la gravité de la crise de l'automobile française. Et le ministre Montebourg a raison de proclamer sa défiance vis-à-vis d'une direction qui n'oppose que le faible argument du «coût du travail en France». Il suffit de rappeler que Toyota a ouvert son usine d'Onnaing après le vote des 35 heures, et que cette usine - qui produit la Yaris - embauche et prévoit d'exporter vers les Etats-Unis ! A l'évidence, le travailleur automobile français, moins payé que l'allemand, reste compétitif quand la direction sait organiser le travail et concevoir le bon produit… Le mal est plus profond. Et tous les partis de gouvernement, depuis plus de trente ans, l'ont encouragé.

Tout commence à la fin des Trente Glorieuses, le cycle de croissance correspondant à la diffusion en France du modèle «fordiste» : production en grande série et parcellisation des tâches (le taylorisme), plein emploi assuré par des salaires croissants et la consommation de masse. Le choc pétrolier de 1974 vient ébranler ce modèle déjà miné par la mondialisation et l'épuisement des gains de productivité tayloriens. Le président Giscard d'Estaing lance le slogan : «Redéploiement industriel»… Oui, mais vers quoi ? Une étude de la Délégation à l'aménagement du territoire montre les deux défauts jumeaux de l'industrie française : le divorce entre l'encadrement et les ouvriers déqualifiés, et des grandes